Le soutien massif de la population nigérienne aux putschistes

Le coup d'Etat au Niger a suscité une réaction importante de la population, en particulier des jeunes. Le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) a réussi à mobiliser massivement la rue à Niamey, remplissant le stade Seyni-Kountché le jour même où l'ultimatum posé par la Cédeao prenait fin. Si l'ampleur exacte du soutien de la population aux putschistes est difficile à mesurer, il est clair que le CNSP séduit notamment la jeunesse nigérienne. Le président Mohamed Bazoum a une volonté de réforme sincère, mais il est confronté à des équilibres politiques complexes au sein de son parti et son gouvernement manque de moyens pour répondre aux aspirations de la jeunesse en matière de changement. La promesse de changement portée par les putschistes trouve donc un écho favorable chez les plus jeunes.

Les causes socio-économiques du soutien aux putschistes

Le Niger est l'un des pays les plus pauvres du monde, avec un faible indice de développement humain. La population nigérienne vit dans des conditions socio-économiques difficiles, avec un Etat ayant peu de moyens pour améliorer la situation. Au cours de la dernière décennie, la situation socio-économique ne s'est guère améliorée, notamment en raison d'investissements prioritaires dans la défense et la sécurité, au détriment d'autres secteurs tels que l'éducation et la santé. Cette situation pèse sur la volonté de changement de la population, qui se tourne vers les putschistes en espérant une amélioration de ses conditions de vie.

Les arguments des putschistes et la méfiance envers la Cédeao

Les putschistes s'appuient sur plusieurs arguments pour fédérer leur soutien. Tout d'abord, le sentiment anti-France est très fort au Niger, alimenté par la déception envers le système démocratique et la perception que l'élite dirigeante a donné les rênes du pays aux puissances étrangères. Les putschistes dénoncent également la corruption, un sujet sur lequel ils ont insisté lors de leur prise de parole après le coup d'Etat. Enfin, ils remettent en question l'alliance avec les Occidentaux pour garantir la sécurité du pays, considérant que les politiques de stabilisation menées par la France et les autres puissances ont échoué. L'opinion publique perçoit la Cédeao comme un club de présidents plutôt qu'une union défendant les intérêts de la population ouest-africaine. La menace d'une intervention militaire de la Cédeao est donc accueillie avec méfiance, et de nombreux acteurs appellent au dialogue pour trouver une solution pacifique à la crise.

La situation au Niger reste donc tendue, avec des enjeux importants pour l'avenir du pays et de la région.