Gérald Darmanin dénonce une "présomption de culpabilité", mais rappelle que toute "erreur doit être sanctionnée"

Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a pris la parole pour la première fois depuis le début de la fronde des policiers. Face à l'émotion et à la colère exprimées par les forces de l'ordre, il a déclaré comprendre leur sentiment mais a rappelé que la présomption d'innocence devait s'appliquer à tous. Selon lui, les policiers ne doivent pas être les seules personnes en France pour qui cette présomption n'existe pas et serait remplacée par une présomption de culpabilité. Cependant, il a souligné que lorsque des erreurs sont commises, elles doivent être sanctionnées. Le ministre a également dénoncé les insultes et les procès médiatiques dont sont victimes les policiers, ajoutant que seulement moins de 5% d'entre eux sont actuellement en arrêt.

Des propositions pour répondre aux revendications des policiers

Gérald Darmanin a tenu ces propos lors de sa visite dans un commissariat du 19e arrondissement de Paris, en présence du préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, et du directeur général de la police nationale, Frédéric Veaux. Ce dernier avait suscité la polémique en déclarant qu'un policier n'a pas sa place en prison, même s'il a commis des fautes graves. Le ministre a soutenu les propos de Frédéric Veaux, tout en rappelant qu'il ne fallait pas opposer la police et la justice. Suite à ces déclarations, Gérald Darmanin doit rencontrer les organisations syndicales de policiers dans la soirée, place Beauvau. Il a également annoncé qu'il étudierait les principales demandes des policiers, notamment l'anonymisation des procès-verbaux, un régime particulier de détention provisoire pour les fonctionnaires mis en cause et une meilleure protection fonctionnelle assurée par l'État.

Des problèmes profonds qui nécessitent des améliorations

Cette crise interne au sein de la police est la plus grave depuis l'arrivée de Gérald Darmanin au ministère de l'Intérieur il y a trois ans. Elle intervient après le placement en détention provisoire d'un policier de la BAC de Marseille, soupçonné de violences policières lors des émeutes. Le malaise au sein de la police est profond, avec des policiers exténués et psychologiquement fragiles. Certains dénoncent une haine grandissante envers les forces de l'ordre et une violence croissante lors des opérations de maintien de l'ordre. Des problèmes de formation, de management et de soutien institutionnel sont également évoqués. Face à cette situation, le ministre de l'Intérieur reconnaît la nécessité d'améliorer la formation des policiers et de mieux les sélectionner. Il reconnaît également que des erreurs peuvent être commises et que des améliorations doivent être apportées. Cependant, il rappelle que l'institution judiciaire doit continuer à jouer son rôle et que les policiers doivent être sanctionnés en cas de fautes avérées. Cette crise met en lumière les tensions entre la police et la justice, ainsi que les limites de l'action ministérielle pour résoudre ces problèmes profonds.